Après l’esclavagisme : la discrimination continue

La population noire libérée de l'esclavage a continué à se buter au racisme et à la discrimination. Partout au Canada, les Afro-Canadiens sont exclus de la plupart des postes. Ils travaillent essentiellement comme domestiques ou porteurs de bagages sur les chemins de fer.

À la fin des années 1920, plus d'une dizaine de milliers de Canadiens sont actifs dans différentes sections locales du Ku Klux Klan. Ces suprématistes blancs craignent que la pureté de la race anglo-saxonne ne soit menacée par les nouveaux immigrants et tentent, entre autres, d'interdire les mariages interraciaux. Malgré le fait que le Canada n'ait jamais pratiqué de ségrégation légale, il était « entendu que les Afro-Canadiens n'habitent que certains quartiers, que leurs enfants ne vont pas dans les mêmes écoles que la majorité, et qu'ils ne pratiquent leur religion que dans certaines églises. Il en ainsi du quartier de la Petite-Bourgogne à Montréal, où est né le grand jazzman Oscar Peterson.

Les Afro-Canadiens n'ont pas accès à toutes les organisations professionnelles (associations sportives et manufacturières, syndicats). Seuls les porteurs de bagages parviennent à fonder un puissant syndicat qui leur assure de meilleures conditions. Partout au Canada, on refuse d'embaucher les Afro-Canadiens dans les magasins, les restaurants. Les théâtres et les patinoires leur sont interdits; quant aux hôtels, on leur refuse une chambre, et ce, peu importe leur renommée.

Dans les villes, leurs communautés reçoivent moins de service. À la campagne, les Afro-Canadiens disposent des terres les moins fertiles. Ils ont souvent de la difficulté à trouver un emploi, et même quand ils en trouvent un, ils sont moins payés que les Blancs qui accomplissent exactement la même tâche.

Ce n'est que vers la fin des années 1950 que la ségrégation scolaire prendra fin en Nouvelle-Écosse (1954), en Ontario (1965) et ensuite au Québec. Dans les années 1960, le mouvement de revendication des droits civiques aux États-Unis influera sur l'attitude du Canada quant au traitement de ses minorités noires.